ETAT DU CAMEROUN (1957-2017)
Haro sur les Cinquantenaires de l’embarras, Cap sur le Soixantenaire!
Madame le Directeur Général,
En réaction aux divers reportages et interviews parus, depuis des semaines, dans le cadre de votre série intitulée «spécial Réunification»,
J’ai l’honneur de vous inviter à bien vouloir, en pareille circonstance, surprendre de fois le lectorat du grand quotidien national (gqn) en leur servant des opinions indociles, avis des citoyens marginaux («ou mal-pensants»).
En ce genre exceptionnel de moment de la célébration sabbatique, l’unijambisme éditorial n’est que regrettable fermeture et refus de dialogue! Mieux vaudrait tendre la main aux «sons de cloche dissonants» en ouvrant grandement les vannes de la contradiction, nourriture favorite des peuples vertueux connus qui avancent, à grands bonds.
Aliment de référence du monde de la hauteur qui se construit sous la bannière inattaquable de certaine vérité intellectuelle n’ayant guère besoin de passeport pour se rendre au bout du monde, en briguant les hautes sphères de la lumière scientifique et du génie culturel.
La Mémoire collective, véritable défi, qui ne saurait se bâtir que sur du rocher solide.
Viendra enfin ce beau jour où l’on n’investira plus, aussi désespérément, sur du sable mouvant. Ne plus bêtement rouler pour tel «château de cartes» dont l’écroulement se profile au tout prochain cyclone – cf. les cellules éloquentes (et si bondées) de Kondengui…
Cela étant, revenons, si vous permettez, à la quarante huitième (48ème) édition de la Fête de la jeunesse, lampions éteints il y a si peu.
Constatons, Madame le Directeur Général, déplorons une telle amnésie volontaire, le refus relevé de rappeler à la jeunesse de chez-nous le contenu exact de ce 11 février 1961. «Date-clé», à l’évidence, de la «réunification» dont le Cinquantenaire focalise présentement toutes les attentions.
Envers et revers, il est vrai, de certaine grave «médaille» dont le sens, depuis des lustres, est soigneusement occulté par cette fête ambigüe de l’oiseuse condescendance qui tarde tant à s’internationaliser.
Convenons cependant que le peuple de ce pays ne mérite pas de perdre ainsi la traçabilité de son Histoire authentique, volontairement brouillée, par-ci ou par-là, on ne sait trop pourquoi. Qu’il ne nous est pas permis – et ce, pour rien au monde – d’oublier le plébiscite alambiqué du 11 février 1961 organisé par l’ONU sur le sol de nos ancêtres, tournant aussi grave de notre cheminement, renvoyant, côté cour, à l’amputation des milliers de kilomètres carrés de nos terrains, pour ensuite différer au 1er octobre, l’entrée en vigueur de ladite forfaiture.
- De quoi parler bas, Madame : que fêtons-nous au juste ce 11 février, la perte des terrains, des hommes, des tombeaux? La banalisation d’un aussi grave malheur? Le bon Berger n’est-il pas en deuil lorsque, de sa centaine de moutons, un seul manque à l’appel? A plus forte raison, le cas présent des pertes, aussi massives que lourdes, aussi immenses en patrimoine matériel et humain?
- Que gagnons nous au fond en occultant, cyniquement et de façon aussi irresponsable, la journée de deuil-là, décrétée à l’occasion de cette aliénation, préméditée et malicieuse, des milliers de kilomètres carrés de notre précieux territoire, par cette cession oblique, ayant reçu le sous-titre de «réunification»?
Opération penchée de complicité inclinée, supervisée par l’ONU, au grand profit du Nigéria voisin.
Posons, à ce niveau, l’interrogation ci-après, de nature à élucider davantage, illustrer mieux encore la gravité de la situation : «dans quel village de ce monde, du Cameroun ou d’ailleurs, aurait-on vu le képi de commandement de telle autorité administrative, réunir les populations, un beau matin, pour leur demander de voter, à main levée ou non, au sujet du changement (ou non) du… nom dudit village»?
Démarche insensée! Totalement absurde, la génération présente et sus apostrophée n’étant guère compétente pour statuer sur le lointain fondement de cet antique patrimoine.
C’est pourtant (et sans blague!), ce qu’aura exactement fait l’ONU ce jour en ce territoire camerounais! (Rien à voir, au demeurant, avec le récent cas soudanais, ou les velléités corses (France) et autres sécessionnistes basques (Espagne)).
Vice de forme aussi saillant, voie de fait plus que grossière, que personne à l’époque n’osa ni relever ni dénoncer! Plébiscite totalement sans objet!
Autant relever, pour tout dire, que le mandat onusien, confié à la France et à la Grande Bretagne, avait outrepassé sa compétence textuelle. Conséquence gravissime : l’aliénation délibérée du territoire camerounais, passant armes et bagages au Nigeria voisin. Et puisqu’il fallait, en plus et instantanément inhiber immédiatement toute réflexion, en étouffant tout débat là-dessus, les professionnels du révisionnisme et de la manipulation feront vite d’arrimer, cinq (5) années plus tard (1966), sur ce forfait criard, l’actuelle fête de la… jeunesse.
Permettez à ce niveau que nous dénoncions le plomb, aussi pervers, dénommé «20 mai», vissé depuis lors dans l’aile de cette République, ayant lourdement pesé, à bien y regarder, sur les célébrations officielles, étendues sur cinq (5) ans de 2010 à 2014 – véritable supplice et record éreintant! – des cinquantenaires (50) de l’Indépendance et de la Réunification du Cameroun.
L’occasion de déplorer le curieux manteau d’Arlequin, la pièce rapiécée de la programmation servie en direct du Cabinet civil : aucun desdits Evénements n’ayant été célébré à sa date de référence exacte. Aveu d’étourderie. De l’absence de relief. Et du manque de sérieux. En un mot, des plus que graves méfaits de la navigation à vue!
Volonté têtue, sinon, à peine voilée d’écorner constamment, en jonglant de préférence avec les grands repères de la vraie Histoire de ce pays.
Promotion de l’ignorance. Une telle propension viciée! De tels agissements antipatriotiques, de nature à confisquer l’émergence escomptée, par ce maintien contradictoire des odieuses confusions dans les esprits de ce peuple.
Tant de torts, ainsi causés, depuis des décennies, par inadvertance ou par ego politicien, à la délicate Mémoire collective!
- A quand donc le sursaut patriotique?
- Camaroes, ô, mon antique rivière des crevettes, pourquoi repousser tant aux calendes bantoues l’échéance glorieuse du retour à la raison? Le Cameroun cessera-t-il un jour d’être le Cameroun, en se débarrassant enfin de son gêne organique tout aussi malfaisant, le syndrome de la crevette, née pour dévorer ou alors être dévorée, pas faite pour réfléchir, encore moins, construire?
- Pourquoi ne pas redorer promptement le blason authentique de notre grande et si prestigieuse Histoire?
- A quand le retour à la vérité historique du 10 mai 1957, appendice des attributs de la souveraineté nationale (Hymne, Drapeau, Devise, Nationalité)?
- A quand le réveil, schématisé, il y a de cela cinq (5) ans, par la mémorable chorégraphie de l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS)? Surprise!, s’il y en eut une, tracée au stade Ahmadou Ahidjo, en présence de Paul Biya et en prélude à la 50ème Coupe du Cameroun ce 13 septembre 2009 (dimanche), sur fond de clôture (subconsciente), en Apothéose au Cinquantenaire de l’Assassinat de Ruben Um Nyobe (1958)?
- Evénement fondateur de tout Etat – nation, pourquoi l’Indépendance, Jalon républicain qui, pour ce qui est du Cameroun, notre pays, renvoie à des centaines de milliers de citoyen(ne)s ayant sacrifié de leur vie, en effet, pourquoi cette Indépendance devrait-elle continuer, plus de cinquante ans plus tard, à être ravalée au même piédestal que la soi-disant «réunification», effective dès le 11 février 1961, expressément différée à huit (8) mois plus tard, par ce malicieux changement d’adresse dans le seul but de masquer, rapidement et définitivement, l’escroquerie territoriale perpétrée par-ci et à ciel ouvert?
- Les lecteurs du gqn devraient se raviser, une fois pour toutes, en cessant d’allumer aussi inutilement, d’entretenir aussi vainement d’étranges polémiques, en convenant une fois pour toutes que le Cameroun, à l’instar de tout autre pays, n’a pas eu et n’aura jamais deux (2) dates pour son Indépendance, mis à part le seul et exclusif 1er janvier 1960.
- En parcourant leur canard, automatiquement servi en bureaux administratifs, gracieusement dispatché tous les matins, les multiples abonnés devraient en effet retenir, définitivement et officiellement qu’«il n’existe qu’un seul Territoire camerounais». Prendre acte par la même occasion du fait que la langue allemande, par une ruse aussi singulière de l’Histoire, incarnera à jamais l’unité territoriale et culturelle tant recherchée en ce pays. Et de son paradigme, en ce que les deux (2) langues en vigueur, la française et l’anglaise, constituent, malheureusement, nos deux (2) regrettables «plus grands communs diviseurs», en abrégé, «pgcd».
- Rappelons enfin et aussi, au bon souvenir des si nombreux bénéficiaires matinaux du gqn que l’Independence Act de la toute première fédération du monde, les USA, daté du 04 juillet 1776, n’était signé ce jour que par treize (13) des cinquante un (51) Etats actuels que compte le pays d’Obama? Les trente huit (38) autres Etats ayant, chemin faisant - et ce, jusqu’aux années 80 pour l’Alaska, le tout dernier – humblement adhéré à la loi fondamentale des USA, en vigueur depuis plus de deux (2) siècles.
- Evoquons de surcroit l’exemple si édifiant de la République fédérale d’Allemagne (RFA) du Chancelier Helmut Kohl qui, suite à la chute du mur de Berlin, se réunifiait en novembre 1989. De cette RFA qui… absorbera sa sœur, carrément et sans anicroche : la RDA de Erich Honecker qui se laissait ingurgiter, tant et si bien que l’on soit passé, du jour au lendemain, de la RFA en RFA territorialement agrandie. Illustration du puissant et glorieux principe, selon lequel, «il n’existe qu’un seul Territoire allemand».
- Bien vouloir parallèlement ne pas s’offusquer inutilement, ni du tout élever le ton, au sujet de ce passage en 1984 de la «République unie du Cameroun» à la «République du Cameroun».
Autant d’interrogations suivies de suggestions constructives qui, en effet, bouillonnent dans nos tripes, Madame le Directeur Général.
En conclusion de quoi, relevons que dans trois (3) ans seulement, i, e en 2017, nous entrerons à nouveau dans le giron jubilaire du prochain «chiffre rond» de cette République : son quatuor de… Soixantenaires (60) : Etat, Assassinat de Um, Indépendance et Réunification.
Cap donc, dès aujourd’hui, sur notre sixième (6ème) Décennie!
Soixantenaire (60) concomitant avec celui des sages Institutions qui, il y a sept (7) ans de cela, en 2007, nous avaient infligé la cuisante leçon en matière de célébration de Cinquantenaire, en prouvant graphiquement à quel degré leur art de savoir valoriser au profit de la multitude la charge émotionnelle inhérente à un aussi puissant Rendez-vous : l’Union européenne (UE), la Confédération africaine de football (CAF), l’Eglise presbytérienne camerounaise (EPC), l’Eglise évangélique du Cameroun (EEC), la Presbyterian Church in Cameroon (PCC), l’ALUCAM, etc.
N’oublions pas qu’en 2007, «on attendait le Cinquantenaire et on a vu des… cinquantenaires». Constat du caricaturiste du gqn, dressant son bilan.
Ne pas rater, dans trois (3) ans, le coche des 60 ans de l’Etat du Cameroun (Hymne, Drapeau, Devise, Nationalité). (Les sages précités, vous le verrez, s’il plaît à Dieu, ne rateront pas, quant à eux, le leur).
Plut à Dieu qu’humblement et enfin, nous corrigions les regrettables errements relevés sept (7) années durant, de 2007 à 2014, en tirant, opportunément, les bien précieuses leçons de la honteuse cacophonie célébrative, d’emblée signalée avec les mémorables affiches «celebretion» du Musée national le 1er janvier 2010. Quel grotesque désordre! Quel accouchement difficile, tout au long des sept (7) piteuses d’observation oblique de sabbats républicains, d’abord refoulée, puis, acceptée en trainant les pieds, sous promesse d’argent français.
Véritables «cinquantenaires» de l’embarras dont la page se tourne en date à Buéa. Lourdement. Maladroitement. Aussi tardivement! Ouais!-
Daniel Boo
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