Lettre Ouverte à la Banque mondiale
Chers Décideurs planétaires du développement,
C'est avec un réel plaisir que je me permets de vous écrire - en ma simple qualité de citoyen ordinaire de pays en développement, bénéficiaire, à un titre ou à l'autre, des effets, réels ou supposés, de vos interventions diverses en matière d'investissements publics - pour relever ce qui suit :
L'Histoire indique encore que, du 19 au 21 juillet 1956, des négociations ardues menées sur la base de certain dossier solide, on ne peut plus pertinent, ficelé par l'un des plus remarquables nationalistes africains, le Colonel Gamal Abdel Nasser, Président de la République arabe d'Egypte, relatives à la construction de l'un des plus grands barrages hydroélectriques d'Afrique, Assouan, échouaient lamentablement et littéralement ! Et ce, de façon inexpliquée jusqu'en date !
Le moins à relever est que la position à ce sujet de votre auguste institution - la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement), bras séculier des Nations unies, mis en place en 1946, sur arrière fond d'altruisme planétaire ; son objectif majeur consistant ni plus ni moins à « financer les projets de développement économique des pays membres les moins favorisés » -rejoignait à l'instant, tout aussi curieusement, celle de certains « aigles » connus, puissances de référence que sont la Grande Bretagne et les Usa…
Dos au mur, Nasser prenait alors, cinq (5) jours plus tard, son courage à deux mains pour procéder à l'historique… nationalisation du canal de Suez, ce 26 juillet 1956 ! Mémorable crise (1956-58) pour les économies des pays méditerranéens! Obligés, des mois durant, de rationner les… produits pétroliers.
Ce canal, construit par Ferdinand de Lesseps en 1864. Exploité, depuis lors (et sans discontinuer), par la France et la Grande Bretagne.
Puis, ce n'est qu'avec l'appui des fonds soviétiques que le gigantesque chantier de production de l'énergie électrique et d'irrigation pour les besoins agricoles pourra enfin, quelques années plus tard (1964), démarrer sur les chapeaux de roue. Pour être définitivement inauguré le 15 janvier 1971*...
L'objet de ce rappel, me demanderiez-vous, relève, bel et bien, de votre récente absence, remarquée, ainsi que celle de AES-SONEL, en le salon Bouma C de l'Hôtel Hilton de Yaoundé ce mercredi 06 juillet 2011, après midi. Occasion exceptionnelle de l'installation du tout premier conseil d'administration du menu barrage hydroélectrique de Mekin (15 MW).
Absence qui, au demeurant, coïncide avec le retard, tout aussi remarqué, de la promulgation de la loi d'orientation du secteur de l'électricité, votée en décembre 2010 à l'Assemblée nationale du Cameroun.
Des rumeurs persistantes, faisant, sur ce, état des pressions que vous exerceriez en ce moment sur le pouvoir d'Etat au Cameroun, à dessein d'empêcher ladite loi d'entrer en vigueur chez-nous…
Cela étant, le 18 juillet 2001, il y a dix (10) ans de cela, le Cameroun, toujours sous votre instigation, concédait son important patrimoine hydroélectrique, aménagé depuis les années 50. Investissement cumulé de quelque Fcfa neuf cents (900) milliards, désormais géré par certaine société américaine, AES SIROCCO.
L'adjudicatrice-là qui, en contre - partie, versera la symbolique broutille de Fcfa vingt trois (23) milliards au trésor public local ! Pour engranger, par la suite, tranquillement et sur ces entrefaites, pas moins de Fcfa cinquante (50) milliards de bénéfices nets, per annum!
Pis encore, dix (10) années plus tard, AES-SONEL refuse obstinément de déférer à l'article 9 alinéa 2 du contrat cadre de concession et de licence l'ayant, depuis le 18 juillet 2001, engagée à constituer sans plus tarder, par versement direct auprès des ayants droit privés naturels, le droit d'occupation du site de son plus grand instrument de production de l'énergie électrique qu'est le barrage de Songloulou.
Et, toujours sous cet air, vous affichez sans fard votre satisfaction de nous avoir vus passer du monopole public à l'actuel… monopole privé de la production, du transport et de la distribution de l'énergie électrique, pour notre tissu socio-économique.
En plus de quoi, tandis que les puissances - cas de la France - bénéficient de législation adéquate qui, depuis des lustres, permet à des particuliers de produire et d'injecter l'énergie électrique dans le réseau public - cf. EDF (Electricité de France) - vous préférez nous voir continuer à croupir, longtemps encore, dans l'usage des canons moyenâgeux du développement dudit secteur. Pas du tout cynique ?
Je vous remercie, pour tout dire, chers Décideurs, des sévices qu'il vous plaît ainsi, d'infliger effrontément à l'économie de ce pays mien, pour le maintenir, aussi délibérément, dans le sous-sol du développement.
Salutations renouvelables, sans ranc…
Daniel Boo
Président du PDF
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