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CORRUPTION LAND

Ma Rencontre avec Jmam

Juin 1994. Exactement un mois que le Dr. Peter Eigen, ancien cadre de la Banque mondiale, a eu la lumineuse idée de mettre en place, à Berlin (Rfa), l'association internationale de la lutte contre la corruption, « Transparency International e. V. », en abrégé, Ti.

Prenant promptement langue, au cours de son passage ce mois de juin à Berlin avec ladite association, M. Eigen remet au narrateur les documents de référence de Ti. L'invitant, sur ces entrefaites, à servir de 'point focal' (de Ti) en la zone Cemac, et ce, dans la perspective de la mise en place des sections locales de ladite association en Afrique centrale, dont Ti-Cameroon.

De retour au Cameroun - et de consultations en consultations - c'est l'Archevêque de Yaoundé, f. Mgr. Jean Zoa qui, par lettre datée du 28 juillet 1994, accepte d'emblée la qualité à lui proposée de « président d'honneur » de la future Ti-Cameroon…

Puis, la prochaine étape, selon le canevas de référence tracé par Berlin, consiste à organiser à Yaoundé, certain colloque de lancement.

Le Thème, retenu pour ce Colloque dont les termes de référence (Tdr) sont mis au point, est bel et bien le suivant : « la Question de la corruption au Cameroun ».

Contactée pour son financement, le représentant de l'époque de la Banque mondiale, M. Robert Lacey, subordonne, quant à lui, la participation financière de son institution à l'intérêt que le Premier Ministre de l'époque, Simon Achidi Achu, y marquerait. Ce Pm qui, quant à lui, ne répondra jamais à la correspondance y relative…

Côté Berlin, recommandation, entre-temps, nous est faite de s'adresser, pour ce faire, à la Gtz (office allemand de la coopération technique) qui, en date, assure effectivement la tutelle financière de Ti. A telle enseigne que, côté pratique, la franchise, à titre d'exemple, des diverses correspondances émises par Ti-Berlin portera, des années durant, le cachet postal de ladite Gtz.

J'adresse, sur ces entrefaites, les Tdr dudit Colloque au Directeur en poste à Yaoundé de la Gtz, Madame Mildeberger. En en faisant tenir copie à Son Excellence Klaus Holderbaum, ambassadeur de la République fédérale d'Allemagne…

Deux semaines après, c'est l'appel téléphonique de Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur qui m'invite à sa résidence « le Fébé », sis à Bastos. Pour une « soirée récréative », un certain début de week-end, vendredi, à 18 heures...

A l'heure dite, j'y retrouve, dans son salon, près d'une vingtaine de « têtes blanches ». En l'occurrence, l'establishment allemand - diplomatique et du milieu des affaires : cadres de l'ambassade ; le Directeur Peter Anders du Goethe Institut ; le Directeur général Hubert Rauch de l'ex - Crédit agricole ; le Directeur Gustav Becker de l'ex-Diwidag (maître d'œuvre aéroport de Nsimalen) ; M. Dörnemann de Siemens ; M. Welsch (Diwi, maître d'œuvre Crtv) ; M. Broenniman de Wiemer & Trachte, etc.

En plus de tous ceux là, une solitaire… « tête noire », en plus de la mienne, que je rencontre, à dire vrai, pour la toute première fois…

Ouverture de cocktail, sans protocole particulier - sous formule « libre service » : la table, plus que garnie de tout, par-ci ; des liqueurs fortes, whisky ; cognac ; bières ; autant de jus, par-là...

Et les échanges, de s'animer, bilingues, français - allemand, pour moi, ex-étudiant à Dortmund (Rfa)…

En français uniquement, pour mon compatriote, assis à ma droite, et à qui je traduis, de temps à autre, par souci de bienséance, certains propos de la langue de Goethe qui ne manquent naturellement pas d'aiguiser sa curiosité…

Puis, de fil en aiguille, les Européens suscitent, quasi-subitement, certaine « discussion »… Camerouno-camerounaise ! Orientée vers certain phénomène dénommé… corruption ! A dessein d'écouter « ce qu'en pensent effectivement les deux Camerounais présents »…

Imaginez alors l'occasion, à moi offerte, pour m' « éclater » sur le sujet, et ce, en crachant férocement certaines formules venimeuses, expressément cuisinées contre ce fléau national ! Et ce, tandis que mon compatriote, visiblement, ne partage pas du tout mes opinions. Et que les Européens se marrent ! Objectivement et proprement, à chacune de mes « envolées », les unes plus sévères que les autres, voire, souscrivant toutes en effet pour une condamnation tranchée de ladite gangrène. Au point que, tout au long de cette discussion, je ridiculise littéralement, voire, profondément et à répétition, mon vis-à-vis...

Il est presque 22 heures. Le temps de la Verabschiedung (séparation). Nous nous dirigeons d'emblée vers le portail de sortie. L'occasion de constater que mon compatriote - dont je ne connais jusque-là ni le nom ni les fonctions en cette République - s'avère être, lui, véhiculé ; tandis que je suis… piéton. (En l'occurrence, les deux extrémités, logique de ce même monde Yaoundé en, au propre autant qu'au figuré).

Je lui demande alors s'il peut me déposer quelque part pour que je puisse continuer en prenant le bon taxi via Terminus Mimboman. Il consent de me laisser au niveau de la poste centrale. Lui qui, de là, doit continuer vers Efoulan. Et c'est à bord de sa fringante VX que j'ai enfin la possibilité de connaître exactement « à qui je viens d'avoir affaire »… :

- Je suis M. Jean-Marie Atangana Mebara.

Me dit-il, avant que de me remettre, tout aussi gentiment, sa carte de visite. Où je relève enfin qu'il s'agit bel et bien du Directeur en poste de… l'Institut supérieur de management public (Ismp)…

Que voilà ma rencontre, la toute première, avec les initiales sus annoncées, consacrées « Jmam » ! Futur « Vice-Président », ni plus ni moins, de cette République !...

Puis, quelques mois plus tard, c'est le décès d'un ami, journaliste à la Sopecam, André Vincent Ekani, r.i.p. En route pour ses obsèques, sis à l'ancienne route de Douala, je découvre à mon arrivée dans son village natal, un tel altier Château des mille et une nuits ! Forgé sur certain flanc et en contrebas de colline excavée…

- Juste ciel! A qui appartient tout ça ??

- A… Jean-Marie Atangana Mebara !, me dit mon compagnon de route, originaire de la zone…

Et, c'est trois (3) années plus tard, en 1997, que le multi-milliardaire, devant l'Eternel, du Renouveau national, Jmam, entrait désormais dans l'un des multiples gouvernements de la rigueur et de la moralisation ! De ce régime, dont le « champ idéologique », à un moment, releva de certain…

Libéralisme communautaire ! Prairie de référence, issue de tel étrange succès de librairie - jamais réédité, cependant et jusqu'en date! Transmuée, chemin faisant, en… « grandes ambitions ».

Jmam faisait en effet partie de l'équipe du 07 décembre 1997 de Mafany Musonge, et ce, en qualité de Ministre de l'enseignement supérieur (Minesup).

Et des renseignements, recueillis bien plus tard, nous feront du reste connaître que Jmam avait préalablement assumé, presqu'une décennie durant et par la grâce, une fois de plus, du décret de quelqu'un, les fonctions de Président de la commission centrale des marchés publics, logée à la Présidence de la République ! Et ce, depuis la dissolution effective de certain Ministère chargé des marchés publics. Le temps, certainement, pour lui, de s'édifier, entre autres, le Château de rêve précité ! La suite de l' « Odyssée » de Jmam nous est en date assez clairement connue :

  • Fulgurante ascension ! Par telle nouvelle signature, lue à 13 heures, du même Manitou qui le propulsait sans bavure au… piédestal suprême : Ministre d'Etat Secrétaire général de la Présidence de la République.
  • Son redéploiement, quelques années après, en qualité de Ministre d'Etat chargé des relations extérieures.
  • Puis, enfin, sa tonitruante chute, depuis quelque deux ans, dans la pestilence carcérale de Kondengui…

Trajectoire quasi-similaire, dirait-on, à celle de l'autre bénéficiaire remarqué de la puissance desdits décrets, ex-Sg/Prc, et non moins, premier bagnard de la trame (et du genre) - Titus Edzoa…

A proprement parler, c'est la toute dernière, la carcérale, desdites « étapes » qui, enfin, est venue me dessiller les yeux ! Pour que je comprenne enfin le mobile, en l'occurrence, la signification réelle de la réception de 1994 chez Monsieur l'Ambassadeur ! : « spectacle », à bureaux fermés (et comme ils savent si bien s'en offrir), il y a seize ans aujourd'hui, de certaine lutte annoncée contre la corruption. Hi ! Hi ! Hi !... Oooh ! Liebe Deutsche !...

Et c'est dire à quel degré certains diplomates étrangers, occidentaux en particulier, connaissent et/ou maîtrisent, en se haussant les épaules, le trend d'évolution de nos réalités locales ! Combien ils sont au parfum, bien des lustres avant nous, de tant de surprenantes curiosités, aussi excentriques qu'anormales, en matière de construction classique de l'antique Res publica ! De cette entité-là, créée, puis, bien plus tard, importée de l'étranger. Elle qui, là-bas, au lieu de ses origines, demeure intangible, sacrée et consacrée ! Mais qui, imperturbablement, subit effectivement par-ci, certain grotesque « coloriage », à tel point d'arborer, grossièrement et enfin de compte, la… teinture locale (si étrange, de nos vilaines tropiques !). Autant d'insolites ; de protubérances ubuesques et/ou rocambolesques, qui prennent corps, en toute tranquillité ; autant de bizarreries qui couvent et qui grandissent ; étendant, sans coup férir, leurs étranges métastases ; inhibant cyniquement et tout aussi cruellement les institutions publiques, cependant chargées de générer durablement, anonymement et impersonnellement l'équité et le bien-être de tous !...

Mais, cela dit, allez donc cette fois chercher et les tenants réels et les aboutissants sournois de certaine opération « Epervier » ! En l'occurrence, le motif le plus exact de tant d'arrestations à tête chercheuse de telle personnalité, sans du tout inquiéter telle autre, pourtant de la même race ! Le mobile exact d'un aussi chimérique « combat ». Engagé, soi disant, contre la… corruption ! S'abattant brusquement sur tel… multi-milliardaire, œuvre exclusive, à coup sûr et cependant, des doigts de celui-là même qui, en date, ordonne lesdites arrestations ! Fruit, en l'occurrence, de ses décrets discrétionnaires (et si condescendants), ayant, depuis la toute première heure, sciemment et volontairement généré, chemin faisant, autant de… monstruosités !

Ce Jmam, qui, du reste, aura certainement, et à juste logique, attiré plus d'une fois et l'attention résolue et les grâces constantes de tel crayon nominant, constitutif de son oblique patrimoine-là de fortune si facile ! Voire, conférant, chemin faisant, un tel poids impressionnant à telle douteuse cagnotte, d'autant plus aisément constituée que directement et tout aussi largement puisée de la caisse publique ! Et ce, sans qu'aucune façade d'honnête homme d'affaires ne tente en date de justifier quelque part un aussi colossal pactole, cumulé de façon tout aussi déraisonnable ! (Normal à ce niveau de différer sine die quelque déclaration y afférente, en l'occurrence, l'application de certain article 66 de la constitution).

Et que le fortuné bénéficiaire ne produise entre-temps nul justificatif de quelconque crédit de banque contracté, susceptible d'indiquer le bien-fondé de son aussi insolent pactole, engrangé. En l'occurrence, bien avant son invitation aux plus fortes cagnottes budgétaires votées à l'Assemblée nationale et attenantes aux si puissantes charges de l'Etat. (Mais, Dieu, quel vertige, Seigneur !)…

Des curiosités de ce genre pullulent en date au pays de Milla ! Porteuse de la cruelle traçabilité de l'esprit prédominant en ce régime de la rigueur et de la moralisation! A propos justement de l'option résolument hédoniste - voire ! Un tel culte déclaré des biens matériels - à réserver démesurément à telle caste sélecte ! - qui s'avère être l'une des principales caractéristiques de ce régime des fraters, des sorors et autres pratiquants des loges, maçonniques et autres ! Et même, qui se lit, dès le premier regard et tout aussi facilement, en les multiples décrets signés et autres chèques en blanc estampillés ad vitam aeternam - n'est-ce pas M. le nonagénaire, f. Sabal Lecco - sans retourner le dos, des décennies durant, et ce, tout au long des 28 ans de pouvoir de Paul Biya.

De Titus Edzoa - l'autre ex-Sg-Prc bagnard depuis des lustres, qui, lui, se sera, entre autres, taillé à Simbock, son village natal, tel fulgurant Shamballa, Château impérial de la race précitée - à f. Pierre Tchanqué, éternel Président de la chambre de commerce et d'industrie, en passant par les 15 ans à la Sic de Gilles Roger Belinga dont les réalisations immobilières, monstrueuses, dans leurs villages respectifs croupiraient actuellement ni plus ni moins dans de la franche… broussaille.

N'est-ce pas de la même veine que relèvent autant d'enrichissements tous azimuts d'autant de fonctionnaires des régies financières - impôts, douanes, trésor - de cette crevette-là, dont les villas cossues écument actuellement certains quartiers connus de Yaoundé ? Tant de constructions personnelles et de sa griffe, tous ces heureux « élus » de tel ou tel autre décret infiniment généreux de l'Homme - président ? En l'occurrence, autant d' « énormes poissons », portés un beau jour à des plus que juteux postes, par la magie du même décret, pour y être effectivement plus que longuement maintenus ?

Autant de cols blancs qui, en date, demeurent libres de tout mouvement ! Et ce, après avoir immolé littéralement, c'est-à-dire, martyrisé les caisses de la fortune publique sous la bannière brandie de certain drapeau de ces flammes-là (qui, en effet, terrorisent, par-ci et par-là, les marchés de nos diverses villes), pour la satisfaction effrénée des fantasmes de l'ego humain !...

Tel, Gervais Mendo Ze, accroché deux décennies durant et sans agent comptable à la Crtv ! Tel, Talba Mallam qui, sans réserve, puise sans discontinuer en date, et ce, depuis des décennies à sa Csph ! Tel, Jean-Jacques Ndoudoumou, accroché sine die à son Armp ! Tel, Yaou Aïssatou, à la Sni ! Tel, Louis Bapes Bapes, trois décennies durant à sa Magzi privée avant que de prendre place sans coup férir au Minesec pour y gérer, depuis quelque cinq ans, des centaines de milliards des impôts du peuple exsangue ! Tel, Clément Obouh Fegue, gestionnaire incontrôlé des décennies durant à la Snec ! Tel, f. Bernard Eding, à la Sonara !...

De Marcel Niat Njifenji qui, par aller - retour, aura passé des décennies à gérer des dizaines de milliards de la Sonel avant que de voir son parcours d'apparatchik culminer, en guise de bouquet général, au poste tutélaire de Vice-Premier Ministre chargé de… l'énergie, cumulativement avec sa Direction générale de la Sonel… quasi-privée ? Que voilà enfin le Bouquet de référence !...

Qu'attendent donc au juste les griffes de notre « Epervier national »-là pour nous traquer enfin autant d'énormes chèvres qui, placides et flegmatiques, continuent toujours à brouter ? Ou alors, qui digèrent tranquillement, en rotant si bruyamment, le drapeau des flammes en main, après avoir effectivement et tout aussi démesurément pâturé et pacagé, là où elles étaient justement… attachées, des décennies durant ! Et ce, par la curieuse et bizarre et aberrante volonté du malicieux décret-là, le même, en réalité, de certain Renouveau, aujourd'hui à l'affut, pince sans rire, du prochain impossible… Septennat !

Cameroun de Paul Biya! Cameroon ? (Pouah ! Mais, quelle rage, meine Damen u. Herren (mesdames et messieurs) qui remonte la gorge, vous harcelant l'œsophage, en un hoquet de mort!). Oh ! Dites un peu, à propos du comice, renvoyé ? Mais, quel zut donc de bordel!!!

Vraiment, et quel gosier serré ! Quand je pense à la « Terre chérie », au « seul et vrai bonheur » de Ruben, devenu, en un tour de bras, Banana republic, hô ! la ! la ! - un tel genre aussi drôle de… Corruption land !

(Oui, de grâce, Seigneur, ayez pitié de Pitoa !)…

Décembre 2010

Daniel Boo,
Premier Président
Président du Parti des Fourmis




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