EDITORIAL
COUP DE GRACE AUX FETES DU 20 MAI!
10 mai 2006 (mercredi). Il y a neuf (9) ans de cela, il était 10h en ce même studio radio de la Sky One Station, située à Yaoundé, face Calafatas.
Un confrère, Pierre – Marie Djongo, le disciple et la mère du Seigneur Jésus-Christ, parti depuis des lustres aux Usa, vers des meilleurs pâturages. Lancement de sa tranche politico-culturelle, intitulée «SOS Action». Quelque deux (2) heures de débats, programmés tous les jours, de lundi à vendredi.
L’unique émission de la ville, nous précise-t-on, ayant confiné Pierre Moukoko Mbonjo, alors Ministre de la communication, à se munir d’écouteurs pour tenir, scotché à Sky, ses réunions programmées à la même plage horaire.
Daniel Boo, consultant attitré, aux côtés de Djongo, avec en plus, trois autres invités.
L’éditorialiste Boo qui, en début de l’émission, s’insurge, comme Alain Généstar de Rfi tôt les dimanches matins, contre le dévoiement de la mémoire de sa République natale, perceptible depuis 1972, année de l’introduction de certaine Fête du 20 mai, en remplacement concomitant de deux (2) précédentes : celle de l’Indépendance, 1er janvier, et celle de la création ce 10 mai 1957, de l’Etat du Cameroun, sous tenue historique des assises de l’Assemblée législative du Cameroun, en abrégé, Alcam.
Et M. Boo d’inviter, fermement et vivement, les autorités de son pays à bien vouloir revenir sagement à la célébration des attributs de la souveraineté nationale que sont les Armoiries, la Devise, le Drapeau, l’Hymne et la Nationalité des Kamers, dont l’appendice n’est autre que la mythique date précitée du 10 mai.
Il attire spécialement, ce mercredi, l’attention du panel et des auditeurs accrochés, sur les présentes 24h, marquant, à titre exceptionnel, le... 49ème Anniversaire de la création précitée, en grande exclusivité planétaire, de l’Etat du Cameroun.
Aussi, invite-t-il, à ce niveau de son papier, les panélistes à bien vouloir rappeler en chœur la Devise du Cameroun : Paix-Travail-Patrie. Puis, le Drapeau : Vert-Rouge-Jaune.
Lui qui, battant enfin la mesure, leur fait signe de se lever pour entonner l’Hymne du Triangle consacré de Yahvé : «Ô Cameroun, berceau de nos ancêtres».
Sa conclusion finale : «Je déclare ouverte la Célébration du Cinquantenaire de l’Etat du Cameroun!» Salve d’applaudissements!
Son aiguillon définitif : «si le prêtre refuse de monter à son autel, un fou va y monter... et nous lire la Messe. Et tout le Peuple répondra et dira : Amen!»...
La réalité historique, c’est que la «Lettre du Citoyen», en abrégé, LdC, de ce Leader d’opinion, M. Boo, publication originale, et surtout, la plus petite du landernau national, fondée en 1993, a pour spécificité de n’avoir pas eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme, au sujet des manœuvres politiciennes, sous-tendues dans la manipulation effrontée des dates marquantes de cet Etat, maniement qui n’est pas sans porter graves préjudices, et même, plus que lourds, à la Mémoire collective.
22 années donc, des petits pas de cette increvable LdC qui, bravement et patiemment, s’est attelée à démontrer la vacuité intellectuelle, stérilité politique de la démarche gouvernementale sous quête effrénée de notoriété centrale, ayant conduit l’illustre prédécesseur vers la stupide suppression des deux (2) fêtes précitées – Indépendance (1er janvier 1960) et création de l’Etat (10 mai 1957) – pour nous confiner à cet insigne 20 mai-là dont le relief, si congru, n’a absolument rien de comparable avec les appendices précités des plus vives émotions collectives, vécues en ce Cameroun naissant.
17 mars 2009 (mardi). Tarmac de l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen. Troisième (3) visite de Pape, d’origine allemande, au Cameroun. En réponse au propos de bienvenue que Paul Biya vient de lui adresser, SS Benoît XVI, admoneste à l’envi son hôte, contre toute attente, en l’invitant, ni plus ni moins, à célébrer ce qu’il n’a jamais fêté, pis, le Cinquantenaire de l’indépendance de son propre pays, mis au placard depuis 1972!
Et la suite de l’affaire, aussi claire que connue : apparition, plus que tardive, nonchalante à souhait, de ces cerceaux (de la honte), géants et lumineux, en les principales intersections des grandes rues de Yaoundé, indiquant, de nuit comme de jour, la célébration en cours des Cinquantenaires de l’Indépendance et de la Réunification.
Impossibilité cependant établie, aux autorités de Yaoundé de créer la dynamique collective, attendue en pareille circonstance, susceptible de focaliser honnêtement, efficacement et méthodiquement, les esprits de l’ensemble des concitoyen(ne)s, ni sur la date du 1er janvier 2010 (Cinquantenaire effectif de cette Indépendance), ni sur celle du 1er octobre 2011 (Cinquantenaire réel de la Réunification).
Toutes les deux célébrations qui, au finish, seront... antidatées. Kermesses grosses et vulgaires, aussi budgétivores. Arbitrairement programmées pour la gloriole exclusive de l’Homme du 06 novembre. Rien à avoir, ni dans les affichages publics, ni dans les évocations historiques, avec le Devoir de mémoire, à exalter par-dessus tout. Instants connus et consacrés, très longtemps à l’avance, de souvenir et de recueillement pour tout Etat sérieux. Bilan froid, d’une main, vénération de l’autre, des acteurs du passé.
Condition sine qua non pour recharger, sûrement et effectivement, ses propres batteries.
Mais, vraiment, quel gâchis!
Citoyennes et Citoyens de ce Triangle,
De l’inédit ces jours-ci, figurez-vous, dans l’univers médiatique du pays de Rudolf Duala Manga Bell (1872-1914) : en l’espace d’une (1) semaine, deux (2) retransmissions, télévisées et en direct, de deux (2) cérémonies publiques.
En attendant, la troisième, dans moins de trois (3) semaines!
A propos du premier direct télé, celui du quartier général, relatif à la... résurrection, six (6) années plus tard, de la remise des épaulettes militaires. Présidée par Paul Biya entouré de tout son gratin connu : septuagénaires et plus...
Suivi de près du deuxième, ce 1er mai, en la mythique Place du 20 mai, présidée par le Ministre du... Travail.
Tenez! A propos Travail, deuxième facteur, principe actif de la Devise précitée de l’Etat.
Grégoire Owona, la suprême vedette, devant l’Eternel et sous caméras les plus sophistiquées, pour cette 129ème édition de la Fête du Travail, plus inédite que jamais, dont le thème en dit tout aussi bien long : «Paix-solidarité-Travail».
« Lorsqu’on voit des sauterelles, dit le proverbe de chez-nous, c’est que les fourmis ne sont pas si éloignées».
La surdose médiatique ne va-t-elle pas tuer quelqu’un?...
Croiriez-vous, un seul instant, Citoyennes et Citoyens camerounais, que dans moins de trois (3) semaines, la large banderole oblique, traditionnelle et infatuée, intitulée, Unité-Progrès-Démocratie, vienne encore, aussi bruyante que brouillonne, nous hurler sa pluri-décennale sottise manifeste, sous la barbe du même chef de l’Etat, pour agacer inutilement, en ravissant surtout, pour la n-nième fois, la vedette à ce sémillant «Paix-Travail-Patrie», envié de par le monde, solennellement revenu chez les Travailleurs qui, devant tous et par leur grand Patron, viennent de redorer le blason de la mythique et antique Devise de l’Etat ?
Duma layen e Wa!
Paul Zoa
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